Chronique historique

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Les monuments de Ger

11-Ger à l'époque féodale

Le domaine de Ger

Les comtes de Mortain possédaient le domaine entier de la paroisse de Ger, à l'exception des deux fiefs de Viéval et de La Gasnerie, le premier séculier, le second régulier. Selon l'expression consacrée alors, ils étaient tenus directement en roture.

Du reste, il était certain que toutes les parties de la paroisse, qui se trouvaient en état de culture et de défrichements, provenaient d'aliénations et de concessions nombreuses opérées aux dépens de la forêt de Lande-Pourrie, qui y étendait partout ses ramifications. L'ancien Domaine était dénommé sous le titre de la Prévôté du Roi. Il comprenait 4 190 acres 1/2, en 1771. Les terres défrichées à cette époque étaient de 2 700 acres.

En constituant la prébende de Gorron, dans son église collégiale de Mortain, l'an 1082, le comte Robert lui avait donné la dîme de tout son domaine de Ger, avec deux maisons de campagne, ainsi que la dîme de la sergenterie, à l'exception toutefois de celle des plaids et du tonlieu de cette paroisse. Toutefois, d'après des titres plus récents, le chanoine ne jouissait que des deux tiers de la dîme de Ger.

La charte de Navarre de 1401 portait à 10 livres 4 sous 1 denier les revenus du comte de Mortain.

Le Fief de la Gasnerie

Guillaume, comte de Mortain, fils de Robert, avait, d'après la charte de fondation de l'Abbaye Blanche, aumôné dans les premières années du XIIè siècle, à ce monastère trois charruées de terre, en Ger, c'est à dire ce que trois hommes pouvaient labourer dans un jour, à l'aide de la charrue, ainsi que la ferme du Tropet .

Ce don avait constitué le.fief de main-morte de la Gasnerie, que les supérieures de la Blanche, dans de nombreux aveux, déclaraient tenir à cour et gage pleige. Les trois aînesses de la Gasnerie, de la Foutelaie et de la Cloutière, qui en dépendaient, formaient une étendue de 152 acres.

Plusieurs concessions nouvelles avaient augmenté les possessions de la Blanche, qui avaient même fait leur profit, selon les lois du temps, de la Forfaiture de Nicolas Thierry, originaire de Tinchebray, condamné à la peine capitale en 1572, d'après une sentence que nous avons publiée.

Richard de Fontenay avait également fait abandon, en 1221, aux religieuses de Mortain, d'une masure située à Ger, qu'il avait achetée de Guillaume Selier. Ce fut sous la condition que Mathilde, sa nièce, l'une des religieuses de ce couvent, en jouirait personnellement jusqu' à sa mort.

Le Fief de Viéval

Qualifié par la charte de Navarre de franche vavassorie, le fief de Viéval rapportait 67 sous 10 deniers de rente annuelle au domaine de Mortain.
Il était, en 1401, à Guillaume de Mongothier. Jean, son fils ou son petit-fils, fut reconnu comme noble par Montfaut, en 1463.

Cent ans plus tard, le 22 août 1565, Louis Abot, écuyer, sieur de Viéval, fils d'un lieutenant général du vicomte de Mortain, rendit son aveu au duc de Montpensier, par foi et hommage, pour son fief de Viéval . ,

Vers 1588, ce domaine était à Jacques Le Pennetier, lieutenant général du bailli de Mortain. En 1602, c'est Jean Le Pennetier, procureur du roi à Mortain, qui le possède. Puis en 1609 et 1613, il est à un autre Jacques Le Pennetier, lieutenant général du bailliage.

Après plusieurs générations, l'héritière unique de cette famille apporta par son mariage ce fief à Jean Lair, sieur des Chesnays: ils vivaient en 1707.

Plus tard, Jacques-Louis-François Le Harivel, Baron du Fresne, grand-maître des Eaux et Forêts du comté de Mortain, prend le titre de seigneur de Viéval. En 1758, MM. Du Fresne et Le Bensais produisirent des réclamations pour ce fief auprès du Duc d'Orléans : ils eurent même des contestations entre eux à ce sujet. Bien certainement Le Viéval resta à des Le Bensais, dont le fils Georges fut très connu sous ce nom de Viéval, aussi bien que ses enfants et ses petits enfants.

Le moulin des Fanières

Carte postale : Collection privée Jean-Pierre Morin
Des lettres datées du 2 juillet 1573 portent concession du Moulin des Fanières en Ger par Louis de Bourbon, Duc de Montpensier, au profit de Jacques Thibault*, vicomte de Mortain, et permission de le reconstruire.
Quelques années après, en 1596, François Thibault, sieur de Meslay, Montreuil et Saint-Georges, son frère, tous les deux fils de Jacques, passa aveu et soumission au comte de Mortain, de ce même moulin.

Notes : La famille Thibault qui a fourni trois Vicomtes successifs à Mortain est probablement à l'origine du "Gué Thibault ", un hameau situé au sud de la commune, sur le Ruisseau de la Rouérie.
Le Moulin des Fanières a été tenu pendant 200 ans par la famille Pallix
.

Les Moulins du Gué de La Motte

En 1609 et 1784, les moulins banaux du Gué de la Motte appartenaient toujours aux comtes de Mortain. A diverses reprises, les princes se virent obligés de faire dresser des procès verbaux contre plusieurs réfractaires qui furent condamnés au bailliage à faire moudre leurs blés à ces moulins.
Mathias Mareschal, avocat, agissant en 1610 au nom de Mademoiselle de Montpensier, avait fieffé à Michel Mauger, alors tabellion à Ger, deux acres de terre situées au quartier, c'est à dire aux environs du Gué de la Motte.

Note : Les moulins du Gué de la Motte n'existent plus aujourd'hui. Le dernier meunier semble avoir été Jacques Lemauviel qui exerça jusqu'en 1812.

Ce chapitre (à l'exception des notes) est entièrement extrait de l'étude d'Hippolyte Sauvage. L'auteur cite ses sources :
- Le Terrier manuscrit du Domaine de Mortain
- Les Archives de la Manche A.1179, A.1119, A.1187, A.119
- Le Cartulaire de l'Abbaye Blanche
- Les Hommages et aveux de l'Abbaye Blanche.