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La nouvelle Église

L'église aujourd'hui
Photo Roger Foucault
En 1919, l’évêque Monseigneur GUERARD encouragea le curé M. HAMELIN à construire une église neuve. Cette idée remporta l’adhésion des paroissiens. Ceux-ci promirent de fournir les pierres (hors pierres de taille), le sable, le bois, les terrassements et les transports de matériaux. Les divers projets acceptés par le conseil municipal furent rejetés par la préfecture qui refusa systématiquement la destruction de l’ancienne église avant la construction de la nouvelle Des évènements imprévus pouvaient empêcher qu’elle soit utilisable avant un trés long temps.
Finalement, on proposa à la préfecture de bâtir la nouvelle église sur un terrain communal situé derrière l’ancienne. Celle-ci accepta à condition que la commune ne participe en rien à la construction. Le curé M. HAMELIN devait acheter le terrain qui serait repris par la commune une fois la construction achevée.
La conception de l’édifice fut confiée à un architecte natif de Ger, M. VAUGEOIS. Tous les travaux de préparation du terrain furent réalisés comme promis par les habitants qui effectuèrent à tour de rôle des corvées le dimanche.
Enfin, en mars 1921, les premiers ouvriers commencèrent la construction de la première partie constituée par le chœur et les deux premières travées de la nef. En août de la même année, la maçonnerie terminée, on put passer à la pose de la charpente avant d’arrêter les travaux à cause de l’hiver.
La pose de la première pierre (17 mai 1925)
Collection privée Christian Gilles

Mais ces travaux avaient absorbé plus des deux tiers des sommes réunies à la suite des quêtes et des souscriptions effectuées. Un projet d’emprunt voté par le conseil municipal fut refusé par la préfecture. En août 1922, M. HAMELIN qui avait été le maître d’ouvrage de la construction mourut. Il fut remplacé par M. QUESNEL qui hérita d’une situation désastreuse. La vieille église prenait l’eau de toutes parts et la nouvelle n’était qu’un chantier ni clos ni couvert.
Aussi fut-il décidé en priorité d’aménager sommairement la partie construite afin de l’utiliser le plus vite possible. Ce fut fait dès fin janvier 1923 pour l’oratoire de la sacristie où l’on célébra ensuite provisoirement les messes. Enfin suite à l’achat, d’une part de vitraux d’occasion qui furent aménagés, et d’autre part de deux vitraux neufs, l’un offert par les jeunes filles de la paroisse et l’autre par les jeunes gens, toutes les fenêtres furent fermées fin mars 1923.
Le 22 avril 1923, l’archiprêtre de Saint-Lô pouvait donc bénir l’église, y autorisant ainsi la pratique du culte.
Il restait à terminer l’église et à démolir l’ancienne. La démolition fut exécutée par des corvées de volontaires, de même que les tranchées de fondations du reste de la nouvelle église. Parallèlement, le financement fut assuré par de nombreuses quêtes et un emprunt.

Signe des temps, les fondations furent exécutées en ciment armé, posées sur un gros béton de cailloux. Il est fort possible que l’église de Ger soit le premier édifice religieux où cette nouvelle technique ait été utilisée ! La construction de la maçonnerie put alors commencer de façon à poser le 17 mai 1925 ce que l’on appellerait aujourd’hui la première pierre. Il s’agissait d’une pierre d’angle contenant un parchemin, quelques pièces de monnaie de l’époque et une feuille de papier signée par sept cents paroissiens. Le 4 septembre 1925, les murailles de la nef étaient terminées et la fenêtre trilobée de la tribune posée.
La pose du coq
(16 août 1926)
Collection privée
Christian Gilles

En 1926 après l’hiver, les travaux reprirent par la construction de la flèche pyramidale. Elle était aussi en ciment armé coulé en place dans des coffrages en bois préalablement préparés au sol. Enfin, le 18 août le coq en cuivre doré pouvait être juché sur la grande croix de fer haute de 7 mètres, et dont 4,5 mètres restent visibles, posée au sommet de l’édifice.
Le ravalement, l’enduit au «Silexore» produit fort utilisé à l’époque, ainsi que les divers ornements furent exécutés au fur et à mesure du démontage des échafaudages.
Parallèlement les voûtes intérieures étaient réalisées en plâtre teinté en commençant par la première partie construite de l’église, puis le reste après la démolition du mur qui séparait la partie utilisée de la zone en chantier.

Les sculptures et le pavage suivirent entre octobre 1926 et février 1927, les vitraux déjà posés furent modifiés pour obtenir une uniformité d’ensemble. La fenêtre trilobée du fond de la tribune fit l’objet d’un traitement spécifique avec des procédés traditionnels. Les 18 vitraux furent terminés en 1928. En janvier 1927, l’horloge d’un mètre de diamètre, pesant 75 kilos, avait été posée. Elle a la particularité de se remonter automatiquement toutes les deux heures grâce à son moteur électrique. Le 15 août 1927, le maître-autel constitué de pierres blanches et de marbre jaune était en place. Sa simplicité et la pureté de ses lignes lui donna une allure résolument moderne.
L’Eglise de Ger avait coûté environ 800000 francs financés par les quêtes, et les dons, une partie des travaux ayant été réalisée par les corvées de paroissiens. On dit que la foi soulève les montagnes. Les pyramides d’Egypte furent réalisées par tout un peuple qui prouva ainsi son amour et son respect pour le pharaon, lequel avait mis ses immenses moyens à leur disposition. Les cathédrales furent réalisées dans une période de grande ferveur religieuse, mais avec l’aide des autorités civiles et ecclésiastique. L’église de Ger n’a pas la même ampleur, mais elle a été réalisée par ses paroissiens seuls et parfois en dépit de bien des oppositions, n’est-ce pas aussi remarquable ?