Lettre de Monsieur Le Faverais (père)

Ger et le château de la Motte

Mon cher et très honoré compatriote,

Je viens de lire et de relire avec un vif intérêt dans le dernier n° de la Revue de l'Avranchin votre notice : Hervé de Loncannay et la Ligue -les sièges de Pontorson et d’Avranches. C'est là un travail précieux pour l'histoire de la Normandie et de la ville d'Avranches en particulier.

Malgré vos grandes aptitudes et votre très grande facilité de travail je crains que vous ne ménagiez pas assez vos forces et votre santé. Je ne serais pas en effet surpris que le surmenage et par suite le défaut d'exercice ne soient pour une bonne part dans l'affection eczématique dont vous avez été atteint à la jambe dans le courant de I'année dernière.

En ce qui me concerne je suis depuis quelque temps débarrassé de cette affection, sinon de caractère grave, du moins bien gênante et bien ennuyeuse. Je suis obligé de me ménager toutefois dans la crainte d'un retour offensif:

Leroy, imprimeur, a été atteint dans les premiers jours du mois de janvier d 'influenza et n'a guère pu, paraît-il, quitter sa chambre à partir de ce moment là. Depuis deux ou trois jours cependant il se serait trouvé un peu mieux et aurait pu aller passer une demi-heure à son imprimerie dans la journée. Tous ses travaux s'en sont ressentis et je ne sais pas quand il pourra maintenant commencer l'impression de mes notes additionnelles sur mon pays de Lonlay. Il n'est pas d 'une grosse santé.

A propos de la Haute Roche à Ger, on n'a rien trouvé ni découvert, quand à présent, que vous ne sachiez.

J'avais pensé à la vue des lieux cet été, qu'il pouvait y avoir eu là, à l'origine, un château à Motte. La Haute Roche en Ger est effectivement située sur un plateau assez élevé qui a du étre entouré d'eaux, d'étangs réduits depuis longtemps en prairies. A 400 ou 500 métres de ce lieu se trouve le Gué de la Motte.

Le nom de ce bourg au XII° siècle étant écrit: Motager, Motanger. Motanger c. à d. Mota de Ger, la Motte de Ger, ce qualificatif ne serait-il point venu du château de la Motte en Ger. On aurait supprimé le mot château pour écrire la motte de Ger, le château de la Motte de Ger. Cela me paraît au reste bien problématique mais j'ai voulu en passant livrer cette idée à votre grande et saine érudition et appréciatiom

Au reste rien de neuf ici, si ce n'est le mariage de Melle Henri-Josset qui va se marier le 15 courant avec M. Bouglier-Desfontaines- suppléant à Mortain.

Bien affectueusement et cordialement à vous

M. Le Faverais