Lettre de Raoul Le Faverais (fils)

Ger Dimanche 23 février 1908

Mon cher Maître



J’ai profité d’un rare rayon de soleil pour courir à nouveau les buttes, mottes ou tertres dont vous me parlez dans votre lettre.
Le Monticule nommé les Herbeux domine tout le pays. Le sommet en est une plate forme. Si un château féodal a jamais été bati dessus, l’effet devait être grandiose.
A partir du sommet, les pentes relativement douces aboutissent sur trois côtés à des ravins situés de 1 à 2 kilomètres du point culminant ne semblent pas se prêter à des défenses naturelles efficaces, à moins de supposer à la forteresse une très grande importance.
Quand à avoir pu faire contourner la butte par la petite rivière l’Egrenne, il ne faut pas y songer. Donc pas de traces de douves. Les rampes sont des chemins d’exploitation de la forêt, ils sont peu encaissés.
On remarque aux bas des Herbeux des murs en ruines en pierre de granit, surmontés maintenant de hêtres, ces murs sont en certains endroits larges de 2 m. Beaucoup de haies environnantes sont à base de granit.
D’où proviennent ces pierres, je l’ignore, peut-être, même sûrement d’une vaste construction démolie.
Je vous écrirai un de ces jours pour les juges de Pais, c’est long et difficile car je veux tâcher de remonter le plus loin possible.
Je vous prie d’agréer, Monsieur et vénéré Maître l’assurance de mes respectueux et dévoués sentiments.

Raoul le Faverais
Mortain


Ma mère me dit que mon père a toujours cru (car il avait étudié la question) que les Herbeux étaient bien ce Castrum de mote du Roi Henri, ce qui va encore confirmer votre croyance.