Gustave Caillebotte
Un homme à facettes

Par Nicole Cantal-Caillebotte et avec l'aide précieuse de Christian Henri

Entièrement inspiré d'après les ouvrages suivants : Le Mystère Caillebotte, D. Charles, Ed. Glénat, 1994 ; Gustave Caillebotte, E. Darragon, Ed. Flammarion ; Caillebotte, sa vie, son oeuvre, catalogue raisonné des peintures et pastels, M. Berhaut, Bibliothèque des Arts, Paris 1978 ; Caillebotte au jardin, P. Wittmer, Ed. Monelle-Hayot, St-Rémy-en-l'Eau, 1990

Gustave Caillebotte et ses ascendants gérois
Pierre CAILLEBOTE °1658 Ger +17/03/1703 Ger x 01/03/1683 Ger Marie GALOPIN °1675 Ger
Julien CAILLEBOTTE °1699 Ger +20/04/1742 Ger x 22/02/1729 Ger Catherine BAZIN °1700 Ger +1759 GER
Pierre CAILLEBOTTE °9/07/1730 Ger +25/10/1797 Domfront x 1751 Domfront Renée VIARD

Antoine, Marie, Pierre CAILLEBOTTE °27/08/1765 Domfront +31/07/1830 Domfront
x 21/10/1793 Domfront
Adélaïde, Françoise FERON °1776 Madré (53) +29/08/1815 Domfront

Martial CAILLEBOTTE °8/04/1799 Domfront +1874 Paris
x (1) Adélaïde, Zoé BOISSIERE - x (2) Eugénie LE MASQUERIER - x (3) Céleste DAUFRESNE +1878
(1) Alfred CAILLEBOTTE
°1834 +1896
(3) Gustave CAILLEBOTTE
°19/08/1848
+21/02/1894
(3) René CAILLEBOTTE
°1851 +1876
Martial CAILLEBOTTE °1853 +1910
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Jean CAILLEBOTTE
Geneviève CAILLEBOTTE
x
Albert CHARDEAU
Les généalogies publiées le sont en l'état des recherches le jour de leur mise sur le site.
Elles sont appelées à évoluer ou à être corrigées. On aura donc intérêt à les consulter régulièrement.


Martial Caillebotte père de Gustave eut quatre enfants de deux mariages différents. Alfred, l'aîné, entra dans les ordres. Il fut chargé de la création de l'Église Saint-Georges en 1873 et était curé de Notre-Dame de Lorette au moment de sa mort. Il semble que l'abbé Caillebotte ait eu la même généreuse nature que ses deux demi-frères Gustave et Martial. Pour l'inauguration des orgues de Notre-Dame de Lorette, Martial composa une pièce d'orgue avec accompagnement de harpes et de violons. Pianiste de talent, il s'adonne dès sa jeunesse à la composition musicale et a laissé une suite importante de pièces pour orgue et orchestre.

Les deux frères et leurs passions
Gustave Martial
Peinture Musique
Philatélie - Régates
Architecture navale Céramique
Jardinage Photographie

Gustave Caillebotte est né le 19 août 1848, 160 rue du Faubourg Saint-Denis, à Paris. Deux ans plus tard, ses parents s'installent dans un grand pavillon au 152 de la même rue. C'est là que le peintre passe sa jeunesse avant de venir habiter en 1868 l'hôtel particulier, 77 rue de Miromesnil, que son père venait de faire construire et dont les premières oeuvres évoquent le décor intérieur et l'atmosphère familiale.

Il fait ses études secondaires au lycée Louis-le-Grand où il remporte de nombreux prix d'excellence dans les disciplines littéraires. En 1870, il obtient sa licence en droit. Pendant la guerre, il fait partie de la garde mobile de la Seine et peu après sa démobilisation, il entre à l'atelier Bonnat pour préparer le concours des Beaux-Arts auquel il est reçu le 18 mars 1873. Sa fréquentation de l'École sera de courte durée. Pendant les périodes d'été, abandonnant Paris, Gustave Caillebotte se rend dans la propriété de ses parents à Yerres. Il découvre la campagne qu'il apprend à connaître et à aimer. Et surtout, il y a la rivière bordée de futaies et de grands peupliers, qui longe sur un long parcours la propriété familiale et qui sera une source d'inspiration.
Son père meurt le 25 décembre 1874, laissant à ses fils une fortune importante. C'est la mort de la mère en 1878 qui entraîne la vente de la propriété et marquera la fin de la série des peintures de Yerres.
Les deux frères viennent habiter au 31 du boulevard Haussmann, à Paris, jusqu'en 1887, date du mariage de Martial. C'est alors que Gustave ira vivre au Petit Gennevilliers, au bord de la Seine, dans une petite maison achetée en 1881.

Gustave Caillebotte est donc né riche. Il n'a jamais dû gagner sa vie et il aurait pu être un oisif, un dilettante, mais il fut au sens le plus noble du terme, un amateur. La peinture était un passe-temps où il s'impliquait complètement et qui le passionnait comme plus tard les régates ou l'architecture navale ou le jardinage ou la philatélie.

La peinture
Longtemps on ne retint de Gustave Caillebotte que son mécénat : c'est Marie Berhaut qui lui consacre une catalogue raisonné en 1978 et révèle un artiste au talent puissant.
Il dessine et peint depuis l'âge de 12 ans. Passion grandissante qui le fait s'inscrire à l'atelier du peintre Bonnat. Le jeune Caillebotte a du talent, une maîtrise naissante. Il fait preuve d'une personnalité remarquable. Il a un mépris souverain pour les a priori de l'époque. A 24 ans, il affiche déjà l'indépendance qui restera une constante de sa vie d'adulte. Il s'éloigne des Beaux-Arts et rejoint le camps des Degas, Renoir, Monet dits « les Intransigeants » ou « les Impressionnistes ».
Marie Berhaut répertorie 274 tableaux de 1877 à 1885 : scènes de groupes, portraits, natures mortes, paysages terrestres et aquatiques. Pendant les dernières années de sa vie, il peignit surtout des voiliers et des fleurs. Sa production de peintre peut donc se comparer à celles des autres artistes professionnels.

Le mécénat
Il ne se contente pas de peindre. Dès 1876, après la mort de son père, il dispose d'une grande fortune. Ceci explique peut-être une belle collection. Elle est avant tout l'oeuvre d'un artiste qui a conscience du rôle qu'il peut jouer, un artiste qui vit plus loin que sa propre oeuvre et qui comprend le sens de son action dans cette perspective. On ne dira jamais assez la portée d'une décision individuelle dans sa confrontation à un ordre établi, fait de prudence, de réticence, voire de franche hostilité.
Même si son rôle consiste à soutenir l'activité de ses amis et de les aider financièrement, il n'y a rien d'artificiel ou de spéculatif dans sa conduite en tant que collectionneur.
Il paie le loyer de Monet pendant deux ans, aide à la subsistance de Pissaro, finance les expositions et il est un acheteur important aux ventes impressionnistes. Il rachète systématiquement ses propres peintures et il semble qu'il paie au-dessus de leur cote réelle les tableaux de ses amis impressionnistes, augmentant d'une manière détournée le bénéfice du groupe. Que serait devenu ce groupe des Impressionnistes sans Gustave Caillebotte ?

La philatélie
De 1878 à 1888, Gustave et son frère Martial avaient réuni une collection peut-être la plus importante de leur temps. Vendue entre 1888 et 1890 pour la somme astronomique de 400 000 F de l'époque (environ 5 millions d'euros), il s'agissait d'une collection colossale n'ayant rien à voir avec le dilettantisme. Elle fut achetée par l'Anglais Tapling qui la légua au British Museum. Grand collectionneur lui-même, il fut tellement impressionné par l'organisation de cette collection, par la netteté de sa présentation qu'il décida d'adopter le classement des Français et intégra sa propre collection au sein de celle achetée en France. Le résultat est une collection unique, la seule à réunir la quasi totalité des timbres émis dans le monde entre 1840 et 1890.

Les régates
Sous l'influence de Gustave, les deux frères deviennent en 1876 membres du Cercle de Voile de Paris. Avec "Thomas" dès 1887, Gustave Caillebotte devient le régatier français qui a remporté le plus grand nombre de victoires, l'équivalent d'un champion de France toutes catégories. Il récidive en 1889. Aucun yacht français n'aura remporté autant de trophées. En 1890, il récidive à nouveau et sera encore champion ex aequo.
Gustave a possédé quatorze voiliers : Iris (1878), Lapin (1879), Inés et Condor (1880), Jack (1882), Le Pou et Diver (1883), Cul-Blanc (1883), Bibi (1884), Mouquette (1886), Thomas (1887), Arico, Roastbeff et enfin Mignon en 1894.
Les noms de ses voiliers sont une preuve de son humour et de son non-conformisme. Condor n'évoquait pas quelque rapace andin, mais (en deux syllabes distinctes) une partie recherchée de l'anatomie féminine. Et, afin que nul ne soit dupe Caillebotte avait peint sur les voiles du bateau un chat héraldique, qui était certainement une chatte...
Pour rester dans le ton (c'est àdire sous la ceinture), il baptise sa nouvelle acquisition Cul-Blanc ! Thomas est un hommage ironique au saint patron des sceptiques. Arico est une allusion au mât d'un seul tenant, aussi grêle que le tuteur de la plante grimpante.
La célébrité du régatier Caillebotte se retrouve ainsi liée à la grivoiserie la plus flagrante. Caillebotte s'en amuse. Ces choix dénotent un goût certain pour la provocation et un mépris confondant pour les conventions de son temps et de sa caste.

L'architecture navale
Depuis 1877, Caillebotte a fait construire huit ou neuf voiliers et avec son goût de la perfection, il a sans doute connu toutes les frustrations d'un client vis-à-vis de son constructeur.
De plus, il s'est mis en tête d'améliorer le yachting français. Pour les connaisseurs, les renseignements techniques sont dans le livre de Daniel Charles, lui même architecte naval. Il a conçu les voiliers : Jack (1882), Cul-Blanc (1883), Bibi (1884), La Pioche (1885), Arriett (1887), Moucheron, Antoinette, Sauterelle, Fauvette et Maria (1890), Vole-au-Vent (1890-91), Arico, Lili, Lézard (1891), Roastbeef, Gloria et Rip (1891-92), Criquet, Araignée (1892), Dahud, Demi et Kilt (sister-ships) (1892-93), Isis et Annette (1893), et enfin Mignon (1893-94) qui ne navigua pas du vivant de Caillebotte? Tous ces bateaux remportèrent des victoires.
Une association de Chatou, la "Sequana" reconstruisit le Roastbeef en 1984. Et, dans un journal de la Côte d'Azur on apu lire : "le 8 octobre 2000, une association de bénévoles passionnés a racheté le cotre Lili né en 1897. C'est le plus ancien voilier de France, classé monument historique. L'architecte en a été Thomas Rabot sur un dessin de Gustave Caillebotte. Cotre de 15 mètres, rénové à Toulon en 1980, racheté, basé à Marseille. Il a régaté en août 2001 vers Saint-Tropez et a terminé 3e".

Le jardinage
En 1887, Gustave Caillebotte rachète les parts de Martial dans la maison des bords de Seine au Petit-Gennevilliers achetée en 1881, non loin du Cercle de Voile de Paris.
Il décide de s'y installer de façon permanente. Cependant la maison de loisir devra devenir une maison de travail, un outil pour satisfaire les besoins de l'architecte, du régatier, du peintre et du jardinier.
Il aménage donc le jardin. À la poésie champêtre de Giverny ou de Yerres, Caillebotte préfère la netteté des parterres tracés au cordeau. Ce qui l'intéresse est moins le microcosme du jardin que ses produits : les fleurs. Catleyas, antoniums et autres orchidées jaunes ou blanches qu'il peint de manière répétée, ainsi que les dahlias et les chrysantèmes.

Il y a une énorme serre où travaillent en permanence quatre jardiniers. Ils plantent, bouturent, arrosent. Il faut de l'eau : Caillebotte fait construire une pompe à vapeur pour amener l'eau de la Seine. La serre autorise une pratique savante de l'horticulture et le peintre s'en entretient avec Monet. Comme lui, il peint son jardin et ses fleurs.

Une dernière facette : le personnage public
Élu conseiller municipal à la mairie de Gennevilliers en mai 1888, apolitique, il entend défendre les intérêts de la centaine d'habitants du Petit-Genevilliers, hameau isolé, face à Argenteuil.
Le riche rentier défend les moins favorisés que lui et est devenu un notable heureux de contribuer au bien-être dans sa commune. Il paie de sa poche certaines dépenses publiques comme l'éclairage, la réfection des routes, l'uniforme des pompiers.
Il s'insurge contre une taxe sur les bateaux et l'occupation des berges qui attaque l'existence même du Petit-Gennevilliers. L'affaire traîne depuis 1886. Caillebotte la freine tant qu'il peut mais la taxe est adoptée le 30 octobre 1891.
Cet échec dégoûte Caillebotte de la politique. Il ne remettra plus les pieds au Conseil municipal.

Le legs
Avec des dispositions testamentaires qualifiées par Geffroy de "nettes, sans phrases, comme il fut lui-même", le testament de Gustave Caillebotte du 3 novembre 1876 indique clairement le lien entre une activité au sein du Groupe des "Intransigeants ou Impressionnistes " et la volonté de faire entrer cette peinture au musée du Luxembourg puis au Louvre selon l'usage de l'époque. Il s'agit de montrer au public des Å“uvres que ce dernier finira par admettre.

Codicille du 20 novembre 1883 : "Je donne à l'Etat les tableaux que je possède, seulement comme je veux que ce don soit accepté et le soit de telle façon que ces tableaux n'aillent ni dans un grenier ni dans un musée de province mais bien au Luxembourg et plus tard au Louvre, il est nécessaire qu'il s'écoule un certain temps avant l'exécution de cette clause jusqu'à ce que le public, je ne dis pas comprenne mais admette cette peinture. Ce temps peut être de 20 ans ou plus. En attendant mon frère Martial et à défaut un autre de mes héritiers, le conservera. Je prie Renoir d'être mon exécuteur testamentaire et de vouloir bien accepter un tableau qu'il choisira, mes héritiers insisteront pour qu'il en prenne un important."
Renoir était un ami que Caillebotte avait beaucoup aidé.
Au moment de l'achat des "Jeunes filles au piano", Renoir dédicacera une seconde version du tableau à son ami. Son fils Pierre né en 1885 avait pour parrain Caillebotte. Ces liens subsisteront. Renoir fera le portrait des enfants de Martial Caillebotte en 1895: "Jean et Geneviève Caillebotte".

Le legs avait un aspect délicat : Il était à la fois embarrassant et opportun pour une administration qui voyait de plus en plus crûment les lacunes de ses collections en matière d'art moderne.
Entre les "petits" Meissonnier et le "grand" Cormon, il fallait trouver un espace pour Monet, Cezanne, Degas et Pissaro. La difficulté était inscrite dans la volonté du donateur de n'accepter ni le "grenier" ni la "province" pour des tableaux destinés à un musée qui n'avait pas la place suffisante pour les exposer en totalité.
Caillebotte connaissait le musée du Luxembourg... Motivé par le manque de place et par la limitation à trois ou quatre oeuvres par artiste, au nom de l'équité, le refus d'exposer la totalité des soixante sept peintures et pastels (sans compter une aquarelle et un dessin de Millet) devint l'enjeu de grandes discussions. Un compromis fut trouvé en janvier 1895 sur la base d'une acceptation partielle par l'Etat d'oeuvres qu'il s'engageait à exposer, les autres revenant en toute propriété à Martial Caillebotte. Après discussion, quarante oeuvres furent choisies.

"Pour que l'Etat ait accepté de pareilles ordures, il fallait une bien grande flétrissure morale" déclarait le peintre GEROME. Ainsi fut accueilli le somptueux legs que CAILLEBOTTE fit à l'Etat : une soixantaine d'oeuvres signées DEGAS, CEZANNE, MANET, MONET, RENOIR, PISSARO, SISLEY. L'artiste y avait mis une seule condition : cette collection devait être exposée au musée du Luxembourg, et plus tard au Louvre. Pour refuser le legs, on allégua que le musée du Luxembourg n'avait pas assez de place. Finalement, les musées nationaux ne retinrent que quarante tableaux, dont s'enorgueillit aujourd'hui le musée d'Orsay. Parmi eux : "le bal du Moulin de la Galette" de RENOIR, "le Déjeuner" de MONET... Ces chefs d'oeuvre furent exposés le 9 février 1897 dans une annexe du musée du Luxembourg, mais, comme le fit remarquer PISSARO "dans un couloir et les tableaux collés les uns contre les autres. - Article de presse...

Le transfert du legs Caillebotte au musée du Louvre eut lieu en 1929. Entre temps, il y eut une rétrospective Caillebotte au Salon d'Automne 1921. En 1947, s'ouvre le musée de l'impressionnisme au Jeu de Paume où il y a une « salle du legs Caillebotte ». Le don des « Raboteurs de parquet » proposé par Renoir et Martial Caillebotte fut accepté. La toile entrera en juin 1896 au Luxembourg. Elle vient rappeler que son auteur n'avait inclus aucune de ses propres toiles dans son legs.

Les raboteurs de parquet
1875- Huile sur toile H. 1,020 ; L. 1,465 m
Paris, musée d'Orsay © Réunion des Musées Nationaux.

Caillebotte fut toujours décrit comme un « compagnon vraiment rare, d'une abnégation absolue, pensant aux autres avant de penser à lui... s'il pensait à lui » (Gustave Geffroy).
A sa mort, Camille Pissaro écrivait à son fils Lucien : « Nous venons de perdre un ami sincère et dévoué. Caillebotte est mort tout d'un coup, d'une paralysie du cerveau. En voilà un que nous pouvons pleurer, il a été bon et généreux, et ce qui ne gâche rien, un peintre de talent ».

Cette modestie personnelle cachait en réalité le désir d'être un jour reconnu à l'égal de ses amis, ou du moins à côté des peintres qu'il avait admirés. Selon les souvenirs de Jean Renoir, il espérait « devenir digne d'être accroché dans l'antichambre du Salon où seraient accrochés Renoir et Cezanne ». Cette humilité et cette lucidité caractérisaient Caillebotte.
On a souvent insisté sur le goût de Caillebotte pour une vie sans faste, fondée sur une activité libre et indépendante, sur son besoin d'activité et de réalisation. Le grand bourgeois n'était alors pas seulement un artiste, il se transformait en commissionnaire, en homme à tout faire.
Après le grand appartement de l'immeuble du Boulevard Haussmann, les deux frères vivaient « leurs deux vies contiguës et distinctes ». Le Petit-Gennevilliers dut lui offrir cet univers social plus ouvert sur les éléments, le travail et la vie.
On le sait toujours désireux de voir ses amis, toujours soucieux de surmonter les divisions inutiles et de renouer un dialogue précieux.
Il y avait chez lui un besoin profond de dire « nous », un désir de communauté, d'oeuvre solidaire. Il désirait une intensité de création qui fut collective.
La redécouverte de Caillebotte fut lente et tardive ; artiste sincère, inventif et chercheur qui a peint quelques chefs-d'oeuvre sans lesquels l'impressionnisme ne serait pas ce qu'il est à nos yeux.

Un grand peintre, un grand architecte naval, un grand philatéliste, un horticulteur éclairé... Combien de peintres ont une collection de timbres au British Museum ? Combien de philatélistes ont vu leurs plans de yachts publiés dans le monde entier ? Combien d'architectes navals ont des tableaux exposés dans les plus grands musées ? Combien d'horticulteurs ont correspondu avec Monet pour l'élaboration des jardins de Giverny ? Plus qu'un grand peintre, ce fut un homme extraordinaire.